Lettre ouverte à Monsieur le Maire Kadir Mebarek

Lettre ouverte à Monsieur le Maire Kadir Mebarek au sujet du soutien que l’ensemble de la classe politique française devrait apporter à Boualem Sansal:

Lors du conseil municipal du 22 mai 2025, vous avez fait le choix de ne pas soumettre au vote le vœu du groupe Relevons Melun appelant à la libération de l’homme de lettres franco-algérien incarcéré pour délit d’opinion. En guise de soutien indéfectible à l’auteur, nous demandions qu’une rue porte son nom.

Vous nous avez répondu avec beaucoup de mauvaise foi, que notre vœu « qui ne relève pas d’un intérêt local, ne peut être inscrit à l’ordre du jour de notre assemblée ». Or il n’y a rien de plus local que de demander qu’une rue de notre commune porte un nom. Et nous rappelons que lors du conseil municipal du 30/11/2023, la ville de Melun a proposé la dénomination d’une rue Masha Amini, du nom de l’iranienne assassinée dans les geôles du régime de son pays, suite à un vœu proposé par le Parti Socialiste guidé par des préoccupations analogues aux nôtres pour Boualem Sansal, celles relatives à la défense des libertés fondamentales.

Vous avez confirmé votre position dans la presse. Sur le sujet, vos arguments grotesques ne souffrent d’aucun commentaire.

Vous avez tout simplement fait preuve de lâcheté.

Ceux qui vous courtisent ont mis leur médiocrité en avant, soit en se reniant, soit en se cachant. Les extrémistes de la France Insoumise, avec lesquels vous entretenez des amitiés certaines, ont exercé leur travail quotidien, celui d’humilier notre pays et nos valeurs républicaines.

Le 1er juillet 2025, la sentence est tombée. L’écrivain emprisonné en Algérie depuis plus de sept mois, a été condamné en appel à cinq ans de prison, confirmant la peine en première instance du 27 mars 2025. Atteint d’un cancer, on sait que ce verdict vaut condamnation à mort. L’homme finira sa vie derrière les barreaux pour « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et de publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays »… en fait, tout simplement pour avoir estimé que l’Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc (Sahara Occidental).

Qu’on soit d’accord ou non avec cette position, il s’agit d’une opinion guidée par son interprétation de l’histoire, et l’auteur s’est défendu en invoquant le droit garanti par la Constitution « à la liberté d’expression ».

Il est peu probable que le régime du président algérien Abdelmadjid Tebboune soit attentif aux décisions prises lors du conseil municipal de la Ville de Melun. En revanche, on sait qu’il se repaît des tensions et de la couardise s’exerçant en France dès lors que l’Algérie est au cœur d’un sujet. Et c’est bien pour cela que l’unité de notre classe politique nous est indispensable pour soutenir la cause de Boualem Sansal, qui peut encore espérer une grâce présidentielle.

Vous êtes maire d’une ville préfecture, vous devriez donc également vous considérer au cœur de cet enjeu. Comme dans beaucoup d’autres villes ou de collectivités territoriales, au nom des valeurs reliées aux libertés fondamentales, vous vous devez un geste fort.

Il nous est tous arrivé d’être lâche, dans notre vie privée, dans notre vie publique. Alors, oublions ! Mais à présent, saisissez l’opportunité d’être courageux deux fois, d’abord en admettant votre erreur, ensuite, comme nous le demandons depuis le conseil municipal du 22 mai 2025, en prenant la décision de rendre un hommage appuyé à notre compatriote injustement emprisonné.

Soyez à la mesure de cet homme !