A quelques mois des élections municipales, Monsieur le Maire Kadir Mebarek annonce triomphalement la signature d’un arrêté destiné à interdire les poids lourds en transit à Ville de Melun. La mesure sera populaire, pour des raisons évidentes de santé publique, mais également dans le cadre de la lutte contre les pollutions sonores et d’amélioration en terme de fluidité du trafic automobile.
Cependant, la mesure appelle plusieurs remarques:
– pendant de nombreuses années, la question des poids lourds à Melun et particulièrement avenue Thiers nous était présentée comme un sujet complexe, appelant des solutions reposant sur la concertation avec de nombreux acteurs. Le prédécesseur de Kadir Mebarek y travaillait sans relâche avec, comme toujours, aucun résultat à la clé. Notre ancienne députée Aude Luquet avait fait de cette cause le « combat » de son mandat (ainsi que le déménagement de la prison faut-il le rappeler ?). Plusieurs centaines de milliers d’euros d’indemnités plus tard, nous avons constaté un misérable statu quo symbolisant parfaitement la portée de son action. Avec des combattants de cette trempe-là, mieux vaut ne pas déclarer la guerre ! Visiblement, il suffisait donc de signer un simple arrêté municipal pour qu’une mesure prenne forme. C’est magique ! De notre point de vue, soit cela confirme la nullité de notre représentation politique locale depuis des années, soit la mesure n’est pas si solide que cela. On s’interroge tout en penchant un peu des deux côtés.
– la mesure concerne les poids lourds en transit mais autorise naturellement ceux qui ont pour point de livraison la ville de Melun. Comment va-t-on les distinguer et surtout comment va-t-on concrètement faire respecter cette mesure ? Nous poserons cette question en conseil municipal car pour être efficace, un arrêté doit avant tout être respecté, sous peine de verbalisation. Sinon, c’est juste de la communication électoraliste. La police municipale n’est pas du tout habilitée à faire ce genre de contrôle, il faudra donc que la police nationale s’y attelle. Au regard de leurs missions sur notre territoire, est-il raisonnable de songer à des contrôles fréquents et efficaces, sur l’ensemble de la ville. On doute très fortement qu’une réelle concertation pour aboutir à un arrêté efficient ait eu lieu en ce sens. Et nous ajoutons, contrairement à ce que tente de nous faire croire une communication erronée (mensongère ?) de la municipalité, qu’il ne faudra pas compter sur le secours des applications de navigation en temps réel de type Waze qui ne prennent pas en compte les restrictions pour les poids lourds. Seule la mise à jour communautaire sur ce type d’application peut avoir un impact, mais c’est forcément très limité.
– un des principes fondamentaux d’un arrêté municipal est d’être à la fois borné dans le temps, et potentiellement annulé sous contrainte d’autorités supérieures. Et à cet égard nous craignons le pire… D’abord parce que si le Maire peut légalement interdire les poids lourds, il doit le faire en respectant la réglementation, et particulièrement en proposant des itinéraires de déviations. Or sans concertation avec les autres communes de l’agglomération Melun Val de Seine, cela semble un peu illusoire, voire carrément impraticable pour les dessertes de certaines d’entre elles. Et le Maire botte en touche dès qu’on lui parle du contournement de Melun, parlant d’un délai trop long, lui qui a déjà eu 17 ans depuis ses prises de fonction pour contempler l’impossibilité d’agir. Ensuite parce que le président du Département de Seine-et-Marne Jean-François Parigi s’inquiète déjà, à juste titre, des conséquences. Il préconise « d’avancer avec méthode, responsabilité et esprit de dialogue ». Il préconise aussi d’adapter les restrictions selon les heures de la journée, la nature des transports … avec l’ensemble des collectivités concernées. Il appelle à une solution « plus fine ».
Pour davantage de pérennité et de sérieux dans l’action, il nous semble que la position du Président du Département de Seine-et-Marne est la plus sage et la plus respectueuse de nos voisins. Mais en période électorale, on sent déjà que la finesse ne sera pas le fil conducteur de la majorité macroniste. L’important est d’annoncer, comme pour l’installation d’un hypothétique Monoprix en centre-ville, pourvu que cela tienne jusqu’à la prochaine élection municipale.